LES VRAIES RAISONS DE LA GUERRE EN LIBYE, Dal forum del MFE de Jean-Paul Pougala

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carloceruti
view post Posted on 31/3/2011, 09:45




LES VRAIES RAISONS DE LA GUERRE EN LIBYE



Jean-Paul Pougala




Forum di discussione del MFE e della GFELES MENSONGES DE LA GUERRE DE L'OCCIDENT
CONTRE LA LIBYE de Jean-Paul Pougala (*)



A- LES VRAIES RAISONS DE LA GUERRE EN LIBYE

1- Manque à gagner pour l'Occident à cause du Premier Satellite Africain
RASCOM 1

C'est la Libye de Kadhafi qui offre à toute l'Afrique sa première vraie
révolution des temps modernes : assurer la couverture universelle du continent
pour la téléphonie, la télévision, la radiodiffusion et de multiples autres
applications telles que la télémédecine et l'enseignement à distance ; pour la
première fois, une connexion à bas coût devient disponible sur tout le
continent, jusque dans les zones rurales grâce au système par pont radio WMAX.



L'histoire démarre en 1992 lorsque 45 pays africains créent la société RASCOM
pour disposer d'un satellite africain et faire chuter les coûts de communication
sur le continent. Téléphoner de et vers l'Afrique est alors le tarif le plus
cher au monde, parce qu'il y avait un impôt de 500 millions de dollars que
l'Europe encaissait par an sur les conversations téléphoniques même à
l'intérieur du même pays africain, pour le transit des voix sur les satellites
européens comme Intelsat. Un satellite africain coûtait juste 400 millions de
dollars payable une seule fois et ne plus payer les 500 millions de location par
an. Quel banquier ne financerait pas un tel projet ? Mais l'équation la plus
difficile à résoudre était : comment l'esclave peut-il s'affranchir de
l'exploitation servile de son maître en sollicitant l'aide de ce dernier pour y
parvenir ? Ainsi, la Banque Mondiale, le FMI, les USA, l'Union Européenne ont
fait miroiter inutilement ces pays pendant 14 ans. C'est en 2006 que Kadhafi met
fin au supplice de l'inutile mendicité aux prétendus bienfaiteurs occidentaux
pratiquant des prêts à taux usuraire; le guide Libyen a ainsi mis sur la table
300 millions de dollars, La Banque Africaine de Développement a mis 50 millions,
la Banque Ouest Africaine de Développement, 27 millions et c'est ainsi que
l'Afrique a depuis le 26 décembre 2007 le tout premier satellite de
communication de son histoire. Dans la foulée, la Chine et la Russie s'y sont
mises, cette fois en cédant leur technologie et ont permis le lancement de
nouveaux satellites, Sud-Africain, Nigérian, Angolais, Algérien et même un
deuxième satellite africain est lancé en juillet 2010. Et on attend pour 2020,
le tout premier satellite technologiquement 100% africain et construit sur le
sol africain, notamment en Algérie. Ce satellite est prévu pour concurrencer les
meilleurs du monde, mais à un coût 10 fois inférieur, un vrai défi. Voilà
comment un simple geste symbolique de 300 petits millions peut changer la vie de
tout un continent. La Libye de Kadhafi a fait perdre à l'Occident, pas seulement
500 millions de dollars par an mais les milliards de dollars de dettes et
d'intérêts que cette même dette permettait de générer à l'infini et de façon
exponentielle, contribuant ainsi à entretenir le système occulte pour dépouiller
l'Afrique.



2- Fond Monetaire Africain, Banque Centrale Africaine, Banque Africaine Des
Investissements

Les 30 milliards de dollars saisis par M. Obama appartiennent à la Banque
Centrale Libyenne et prévu pour la contribution libyenne à la finalisation de
la fédération africaine à travers 3 projets phare : la Banque Africaine
d'Investissement à Syrte en Libye, la création dès ce 2011 du Fond Monétaire
Africain avec un capital de 42 milliards de dollars avec Yaoundé pour siège, la
Banque Centrale Africaine avec le siège à Abuja au Nigeria dont la première
émission de la monnaie africaine signera la fin du Franc CFA grâce auquel Paris
a la main mise sur certains pays africains depuis 50 ans. On comprend dès lors
et encore une fois la rage de Paris contre Kadhafi. Le Fond Monétaire Africain
doit remplacer en tout et pour tout les activités sur le sol africain du Fond
Monétaire International qui avec seulement 25 milliards de dollars de capital a
pu mettre à genoux tout un continent avec des privatisations discutables, comme
le fait d'obliger les pays africains à passer d'un monopole publique vers un
monopole privé. Ce sont les mêmes pays occidentaux qui ont frappés à la porte
pour être eux aussi membres du Fond Monétaire africain et c'est à l'unanimité
que le 16-17 décembre 2010 à Yaoundé les Africains ont repoussé cette
convoitise, instituant que seuls les pays africains seront membres de ce FMA.

Il est donc évident qu'après la Libye la coalition occidentale déclarera sa
prochaine guerre à l'Algérie, parce qu'en plus des ses ressources énergétiques
énormes, ce pays a une réserve monétaire de 150 milliards d'Euros. Ce qui
devient la convoitise de tous les pays qui bombardent la Libye et qui ont tous
quelque chose en commun, ils sont tous financièrement en quasi faillite, les USA
à eux seuls ont 14.000 Milliards de dollars de dettes, La France, la Grande
Bretagne et l'Italie ont chacun environ 2.000 milliards de dettes publiques
alors que les 46 pays d'Afrique Noire ont au total moins de 400 milliards de
dollars de dettes publiques. Créer des fausses guerres en Afrique dans l'espoir
de trouver de l'oxygène pour continuer leur apnée économique qui ne fait que
s'empirer ne fera qu'enfoncer les Occidentaux dans leur déclin qui a pris son
envol en 1884, lors de la fameuse Conférence de Berlin. Car comme l'avait prédit
l'économiste Américain Adams Smith en 1865, dans son soutient à Abraham Lincoln
pour l'abolition de l'esclavage, «l'économie de tout pays qui pratique
l'esclavage des noirs est en train d'amorcer une descente vers l'enfer qui sera
rude le jour où les autres nations vont se réveiller »

3- UNIONS REGIONALES COMME FREIN A LA CREATION DES ETATS-UNIS D'AFRIQUE

Pour déstabiliser et détruire l'union Africaine qui va dangereusement (pour
l'Occident) vers les Etats-Unis d'Afrique avec la main de maître de Kadhafi,
l'Union Européenne a d'abord tenté sans y parvenir la carte de la création de
l'UPM (Union Pour la Méditerranée) Il fallait à tout prix couper l'Afrique du
Nord du reste de l'Afrique. Cela a échoué parce que Kadhafi a refusé d'y aller.
Il a compris très vite le jeu à partir du moment où on parlait de la
Méditerranée en associant quelques pays africains sans en informer l'Union
Africaine, mais en y invitant tous les 27 pays de l'Union Européenne. L'UPM sans
le principal moteur de la fédération africaine était foirée avant même de
commencer, un mort - né avec Sarkozy comme Président et Mubarack, le
vice-président. Ce que Alain Juppé tente de relancer, tout en misant sur la
chute de Kadhafi, bien sur. Ce que les dirigeants Africains ne comprennent pas
est que tant que ce sera l'Union Européennes à financer l'Union Africaine, on
sera toujours au point de départ, car dans ces conditions, il n'y aura pas
d'effective indépendance. C'est dans le même sens que l'Union Européenne a
encouragé et financé les regroupements régionaux en Afrique. Il était évident
que la CEDEAO qui a une Ambassade à Bruxelles et qui tire l'essentiel de son
financement de l'UE, est un obstacle majeur contre la fédération africaine.
C'est ce que Lincoln avait combattu dans la guerre de sécession aux Etats-Unis,
parce qu'à partir du moment où un groupe de pays se retrouvent autour d'une
organisation politique régionale, cela ne peut que fragiliser l'organe central.
C'est ce que l'Europe voulait et c'est ce que les Africains n'ont pas compris en
créant coup sur coup, la COMESA, l'UDEAC, la SADC et le Grand Maghreb qui n'a
jamais fonctionné encore une fois grâce à Kadhafi qui lui l'avait très bien
compris.

4- KADHAFI, L'AFRICAIN QUI A PERMIS DE LAVER L'HUMILIATION DE L'APARTHEID

Kadhafi est dans le cour de presque tous les Africains comme un homme très
généreux et humaniste pour son soutien désintéressé a la bataille contre le
régime raciste d'Afrique du Sud. Si Kadhafi avait été un homme égoïste, rien ne
l'obligeait à attirer sur lui les foudres des occidentaux pour soutenir
financièrement et militairement l'ANC dans sa bataille contre l'apartheid. C'est
pour cela que à peine libéré de ses 27 ans de prisons, Mandela décide d'aller
rompre l'embargo des Nations Unis contre la Libye le 23 Octobre 1997. A cause de
cet embargo même aérien, depuis 5 longues années aucun avion ne pouvait atterrir
en Libye. Pour y arriver, Il fallait prendre un avion pour la Tunisie ; arriver
à Djerba et continuer en voiture pendant 5 heures pour Ben Gardane, passer la
frontière et remonter en 3 heures de route par le désert jusqu'à Tripoli. Ou
alors, passer par Malte et faire la traversée de nuit, sur des bateaux mal
entretenus jusqu'à la côte libyenne. Un calvaire pour tout un peuple, juste pour
punir un seul homme. Mandela décida de rompre cette injustice et répondant a
l'ex Président Américain Bill Clinton, qui avait jugé cette visite «malvenue»,
il s'insurgea : «Aucun Etat ne peut s'arroger le rôle de gendarme du monde, et
aucun Etat ne peut dicter aux autres ce qu'ils doivent faire ». il ajouta : «
ceux-là qui hier étaient les amis de nos ennemis, ont aujourd'hui le toupet de
me proposer de ne pas visiter mon frère Kadhafi, ils nous conseillent d'être
ingrats et d'oublier nos amis d'hier ». En effet, pour l'Occident, les racistes
d'Afrique du Sud étaient leurs frères qu'il fallait protéger. C'est pour cela
que tous les membres de l'Anc étaient considérés des dangereux terroristes, y
compris Nelson Mandela. Il faudra attendre le 2 Juillet 2008, pour que le
Congrès Américain vote une loi pour rayer le nom de Nelson Mandela et de ses
camarades de l'ANC de cette liste noire, pas parce qu'ils ont compris la bêtise
d'une telle liste, mais parce qu'on voulait faire un geste pour les 90 ans de
Nelson Mandela. Si les Occidentaux sont aujourd'hui repentis de leur soutient
d'hier aux ennemis de Mandela et sont vraiment sincères lorsqu'on lui donnent
des noms de rue et de places, comment continuer à faire la guerre à celui qui a
permis la victoire de Mandela et son peuple, Kadhafi ?

B- CEUX QUI VEULENT EXPORTER LA DEMOCRATIE SONT-ILS DE VRAIES DEMOCRATIES ?

Et si la Libye de Kadhafi était plus démocratique que les USA, la France, la
Grande Bretagne et tous ceux qui font la guerre pour exporter la démocratie en
Libye ? Le 19 Mars 2003, le Président Georges Bush lance les bombes sur la tête
des Iraquiens avec le prétexte d'y exporter la démocratie. Le 19 Mars 2011,
c'est-à-dire 8 ans plus tard et jour pour jour, c'est le Président Français qui
lance ses bombes sur la tête des Libyens avec le même prétexte de leur offrir la
démocratie. Monsieur Obama, Prix Nobel de la Paix 2009 et président des Etat
Unis d'Amérique, pour justifier qu'il procède à un déferlement de missiles
Cruise de ses sous-marins sur la tête des Libyens a dit que c'était pour chasser
le dictateur Kadhafi du pouvoir et y instaurer la démocratie.

La question que tout être humain doté de la moindre capacité intellectuel de
jugement et d'appréciation ne peut s'empêcher de se poser est : ces pays comme
la France, l'Angleterre, les USA, l'Italie, la Norvège, le Danemark, la Pologne
dont la légitimité pour aller bombarder les Libyens se base sur le seul fait de
s'être autoproclamés « pays démocratiques » sont-ils réellement démocratiques ?
Si oui, sont-ils plus démocratiques que la Libye de Kadhafi ? La réponse, sans
équivoque est NON, pour la simple et bonne raison que la démocratie n'existe
pas. Ce n'est pas moi qui l'affirme, mais celui-là même dont la ville natale,
Genève abrite l'essentiel du commandement des Nations Unies. Il s'agit bien
entendu de Jean-Jacques Rousseau né à Genève en 1712 qui affirme dans le
chapitre IV du Livre III de son très célèbre « Contrat Social » que : « il n'a
jamais existé de véritable démocratie, et il n'en existera jamais». Pour qu'un
état soit véritablement démocratique Rousseau pose 4 conditions selon lesquelles
la Libye de Kadhafi est même de loin plus démocratique que les Etats-Unis
d'Amérique, la France et tous les autres qui prétendent lui exporter la
démocratie à savoir :

1- Dimension de l'Etat : plus un état est grand, moins il peut être
démocratique, pour Rousseau l'Etat doit être très petit pour que le peuple soit
facile à rassembler et que chaque citoyen puisse aisément connaître tous les
autres. Avant donc de faire voter les gens, il faut s'assurer que chacun
connaisse tous les autres sans quoi voter pour voter est un acte dénué de tout
fondement démocratique, c'est un simulacre de démocratie pour élire un
dictateur. La structure de l'organisation de l'Etat Libyen se fonde sur une base
tribale qui regroupe par définition le peuple en de petites entités. Le
sentiment démocratique est plus présent dans une tribu, dans un village que dans
une grande Nation, parce que le fait que tout le monde se connaisse et que la
vie tourne autour des mêmes points communs apporte une sorte d'autorégulation,
d'autocensure même pour peser à chaque instant, la réaction ou la
contre-réaction des autres membres pour ou contre les opinions qu'on peut avoir.
Sous cet angle, c'est la Lybie qui répond le mieux aux exigences de Rousseau,
ce qu'on ne peut pas dire de même pour les Etats-Unis d'Amérique, la France ou
la Grande Bretagne, des sociétés fortement urbanisées où la majorité des voisins
ne se disent même pas bonjour et donc ne se connaissent pas, même vivant
cote-à-cote pendant 20 ans. Dans ces pays, on est passé directement à l'étape
suivante : « le vote » qu'on a malignement sanctifié afin de faire oublier que
ce vote est inutile à partir du moment où je m'exprime sur l'avenir d'une nation
sans en connaitre ses membres. On est ainsi arrivé jusqu'à la bêtise du vote
des citoyens vivant à l'étranger. Se connaitre et se parler est la condition
essentielle de la communication pour le débat démocratique qui précède toute
élection.

2- Il faut la simplicité des mours et des comportements pour éviter que
l'on passe l'essentiel du temps à parler de justice, de tribunal pour trouver
des solutions aux multitudes querelles d'intérêts divers qu'une société trop
complexe fait naitre naturellement. Les Occidentaux se dé finissement comme des
pays civilisés, donc aux mours complexes et la Libye comme pays dit primitif,
c'est-à-dire aux meurs simples. Sous cet angle, encore une fois, c'est la Libye
qui répondrait mieux aux critères démocratiques de Rousseau que tous ceux qui
prétendent lui donner des leçons de démocratie. Dans une société complexe, les
trop nombreux conflits sont résolus par la loi du plus fort, puisque celui qui
est riche évite la prison parce qu'il peut se permettre un meilleur avocat et
surtout, orienter l'appareil répressif de l'état contre celui qui vole une
banane dans un supermarché, plutôt que le délinquant financier qui fait crouler
une banque. Dans une ville comme New York où 75% de la population est blanche,
80% des postes de cadres sont occupés par des Blancs et ils ne sont que 20% des
personnes en prison.

3- L'égalité dans les rangs et dans les fortunes. Il suffit de voir le
classement FORBES 2010 pour voir quels sont les noms des personnes les plus
riches de chacun des pays qui jette la bombe sur la tête des Libyens et voir la
différence avec le salaire le plus bas dans chacun des pays et faire de même
pour la Libye pour comprendre qu'en matière de redistribution de la richesse du
pays, c'est à la Libye d'exporter son savoir faire à ceux qui la combattent et
non le contraire. Même sous cet angle, selon Rousseau, la Libye serait plus
démocratique que ceux qui veulent pompeusement lui exporter la prétendue
démocratie. Aux Etats-Unis 5% de la population possèdent 60% de la richesse
nationale. C'est le pays le plus déséquilibré, le plus inégal du monde.

4- PAS DE LUXE. Pour Rousseau pour qu'il y ait la démocratie dans un pays,
il ne faut pas qu'il y ait de luxe parce que selon lui, le luxe rend nécessaire
la richesse et cette dernière devient la vertu, l'objectif à atteindre à tout
prix et non le bonheur du peuple, « le luxe corrompt à la fois le riche et le
pauvre, l'un par la possession, l'autre par la convoitise ; il vend la patrie à
la mollesse, à la vanité ; il ôte à l'Etat tous ses citoyens pour les asservir
les uns aux autres, et tous à l'opinion ». Ya-t-il plus de luxe en France ou en
Libye ? Ce rapport d'asservissement des employés qui sont poussés jusqu'au
suicide les employés mêmes des entreprises publiques ou semi-publique, pour des
raisons de rentabilité et donc de possession de luxe d'une des parties est-il
plus criant en Libye ou en Occident ?

Le sociologue Américain C. Wright Mills a décrit en 1956 la démocratie
américaine comme « la dictature des élites ». Selon Mills, les Etats-Unis
d'Amérique ne sont pas une démocratie parce qu'en définitive, c'est l'argent qui
s'est substitué au peuple. Le résultat de chaque élection y est l'expression de
la voix de l'argent et non la voix du peuple. Après Bush-père et Bush-fils, pour
les primaires républicaines de 2012, on parle déjà de Bush-benjamin. En plus, si
le pouvoir politique se base sur la bureaucratie, Max Weber fait remarquer qu'il
y a 43 millions de fonctionnaires et militaires aux Etats-Unis qui commandent
effectivement le pays, mais qui n'ont été votés par personne et qui ne répondent
pas directement au peuple de leurs activités. Une seule personne (un riche) est
donc votée mais le vrai pouvoir sur le terrain est tenue par une seule caste de
riches qui ne résulte purement et simplement que de nominations comme les
ambassadeurs, les généraux de l'armée etc...

Combien de personnes dans les pays autoproclamés « démocratiques » savent qu'au
Pérou la constitution interdit un deuxième mandat consécutif au président de la
république sortant ? Combien de personnes savent qu'au Guatemala, non seulement
le président sortant ne doit plus jamais se présenter comme candidat à cette
fonction, mais qu'en plus à aucun degré de parenté, aucun membre de sa famille
ne pourra plus prétendre à cette fonction ? Combien savent que le Rwanda est le
pays qui intègre politiquement le mieux les femmes au monde avec 49% de
parlementaires femmes ? Combien savent que dans le classement de la CIA 2007,
sur 10 pays les mieux gérés au monde, 4 sont Africains ? Avec la palme d'or à la
Guinée équatoriale dont la dette publique ne représente que 1,14% de son PIB.

La guerre civile, les révoltes, les rebellions sont les ingrédients d'un début
de démocratie soutient Rousseau. Parce que la démocratie n'est pas une fin, mais
un processus permanent pour réaffirmer les droits naturels des humains que dans
tous les pays du monde (sans exception) une poignée d'hommes et de femmes,
confisquant le pouvoir du peuple, l'oriente pour se maintenir aux affaires. On
trouve ici et là des formes de castes qui usurpent le mot « démocratie » qui
doit être cet idéal vers lequel tendre et non un label à s'approprier ou un
refrain à vanter parce qu'on est juste capable de crier plus fort que les
autres. Si un pays est calme comme la France ou les Etats-Unis, c'est-à-dire
sans aucune révolte, pour Rousseau cela veut tout simplement dire que le système
dictatorial est suffisamment répressif pour empêcher toute tentative de
rébellion. Si les Libyens se révoltent, ce n'est pas une mauvaise chose. C'est
prétendre que les peuples acceptent stoïquement le système qui les opprime
partout dans le monde sans réagir qui est très mauvais. Et Rousseau de conclure
: « Malo periculosam libertatem quam quietum servitium -traduction : S'il y
avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement
si parfait ne convient pas à des hommes ». Dire qu'on tue les Libyens pour leur
bien est un leurre.

C- QUELLES LECONS POUR L'AFRIQUE ?

Après 500 ans de relations de dominateur et de dominé avec l'Occident, il est
dès lors prouvé que nous n'avons pas les mêmes critères pour définir le bon et
le méchant. Nous avons des intérêts profondément divergents. Comment ne pas
déplorer le Oui de 3 pays africains au sud du Sahara, Nigeria, Afrique du Sud et
Gabon pour la résolution 1973 inaugurant la nouvelle forme de colonisation
baptisée « protection des peuples », validant la théorie raciste que les
Européens véhiculent depuis le 18ème siècle selon laquelle l'Afrique du Nord n'a
rien à partager avec l'Afrique Subsaharienne, l'Afrique du nord serait ainsi
plus évoluée, plus cultivée et plus civilisée que le reste de l'Afrique. Tout se
passe comme si la Tunisie, l'Egypte, la Libye, l'Algérie ne faisaient pas partie
de l'Afrique. Même les Nations Unies semblent ignorer la légitimité de l'Union
Africaine sur ses états membres. L'objectif est d'isoler les pays d'Afrique
subsaharienne afin de mieux les fragiliser et les tenir sous contrôle. En effet,
dans le capital du nouveau Fond Monétaire Africain (FMA), l'Algérie avec 16
milliards de dollars et la Libye avec 10 milliards de dollars contribuent à eux
tous seuls pour près de 62% du capital qui est de 42 milliards de Dollars. Le
premier pays d'Afrique subsaharienne et les plus peuplés, le Nigeria suivi de
l'Afrique du Sud arrivent très loin derrière avec 3 milliards de dollars chacun.

C'est très inquiétant de constater que pour la première fois de l'histoire des
Nations Unies, on a déclaré la guerre à un peuple sans avoir exploré au
préalable la moindre piste pacifique pour solutionner le problème.

L'Afrique a-t-elle encore sa place dans une telle organisation ? Le Nigeria et
l'Afrique du Sud sont disposés à voter OUI à tout ce que l'Occident demande,
parce qu'ils croient naïvement aux promesses des uns et des autres de leur
donner une place de membre permanent au Conseil de Sécurité avec le même droit
de veto. Ils oublient tous les deux que la France n'a aucun pouvoir de leur
attribuer le moindre poste. Si elle l'avait, il y a belle lurette que Mitterrand
l'aurait fait pour l'Allemagne de Helmut Kohl. La reforme des Nations Unies
n'est pas à l'ordre du jour. La seule manière de compter, est la méthode
chinoise : tous les 50 pays africains doivent quitter les Nations Unies. Et
s'ils doivent y retourner un jour, ne le faire que s'ils ont obtenu ce qu'ils
demandent depuis longtemps, un poste pour toute la fédération africaine, sinon
rien.

Cette méthode de la non-violence est la seule arme de justice dont disposent les
pauvres et les faibles que nous sommes. Nous devons tout simplement quitter les
Nations Unies, car cette organisation de par sa configuration, de par sa
hiérarchie est aux services des plus forts.

Nous devons quitter les Nations Unies afin de marquer notre réprobation de cette
conception du monde basée uniquement sur l'écrasement du plus faible. Tout au
moins ils seront libres de continuer de le faire, mais pas avec notre signature,
pas en rappelant que nous sommes d'accord alors qu'ils savent très bien qu'ils
ne nous ont jamais interrogés. Et même quand nous avons donné notre propre point
de vue, comme la rencontre de samedi 19/3 à Nouakchott avec la déclaration sur
la contrariété à l'action militaire, ceci a été passé tout simplement sous
silence pour aller accomplir le forfait de bombarder le peuple africain.

Ce qui arrive aujourd'hui est le scénario déjà vu auparavant avec la Chine.
Aujourd'hui, on reconnaît le gouvernement Ouattara, on reconnaît le gouvernement
des insurgés en Libye. C'est ce qui s'est passé à la fin de la deuxième guerre
mondiale avec la Chine. La soit disante communauté internationale avait choisi
Taiwan comme unique représentant du peuple Chinois en lieu et place de la Chine
de Mao. Il faudra attendre 26 ans, c'est-à-dire le 25 octobre 1971 avec la
résolution 2758 que tous les Africains devraient lire, pour mettre fin à la
bêtise humaine. La Chine est admise, sauf qu'elle a prétendu et obtenue d'être
membre permanent avec doit de veto, si non elle n'entre pas. Cette exigence
satisfaite et la résolution d'admission entrée en vigueur, il faudra attendre un
an pour que le 29 septembre 1972, le Ministre Chinois des Affaires Etrangères
donne sa réponse avec une lettre au Secrétaire Général des Nations Unies pas
pour dire Oui ou Merci, mais pour faire des mises au point, en garantie de sa
dignité et de sa respectabilité. Qu'est-ce que l'Afrique espère obtenir des
Nations Unies sans poser un acte fort pour se faire respecter ? On a vu en Cote
d'Ivoire un fonctionnaire des Nations Unies se considérer au dessus d'une
institution constitutionnelle de ce pays. Nous sommes entrés dans cette
organisation en acceptant d'être des serfs et croire que nous serons invités à
table pour manger avec les autres dans les plats que nous avons lavés est tout
simplement crédule, pire, stupide. Quand l'UA reconnaît la victoire de Ouattara
sans même tenir compte des conclusions contraires de ses propres observateurs
envoyés sur le terrain, juste pour faire plaisir à nos anciens maîtres, comment
peut-on nous respecter ? Lorsque le président Sud-Africain Zuma déclare que
Ouattara n'a pas gagné les élections et change à 180° disant le contraire après
une petite visite de 8 heures à Paris, on peut se demander ce que valent ces
dirigeants qui représentent et parlent au nom de 1 milliard d'Africains.

La force et la vraie liberté de l'Afrique viendront de sa capacité à poser des
actes réfléchis et en assumer les conséquences. La dignité et la respectabilité
ont un prix. Sommes-nous disposés à le payer ? Si non, notre place reste à la
cuisine ou aux toilettes pour garantir le confort des autres. D'ici là, en
Libye, les bombes qu'on nous décrit comme des rosiers qui tombent du ciel pour
reboiser le désert libyen, sont françaises, américaines, britanniques,
italiennes, canadienne, norvégienne, mais les victimes sont africaines, toutes
africaines. Oui c'est une guerre déclarée à tout le peuple africain, pas à un
homme, pas à un pays.

Genève le 28/03/2011

Jean-Paul Pougala - pougala@...

(*) Jean-Paul Pougala est un écrivain d'origine camerounaise, directeur de
l'Institut d'Etudes Géostratégiques et professeur de sociologie à l'Université
de la Diplomatie de Genève en Suisse.


 
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